Méditation
La méditation vipassana, comme les autres formes de méditation, peut sembler sans danger. Des enquêtes récentes indiquent que de nombreux méditants feront l’expérience d’effets secondaires avec un impact possible sur leur vie quotidienne.
Lméditation a longtemps été considérée sans danger. Pourtant, on sait maintenant que 87 % des personnes qui ont une pratique telle que la méditation vipassana observeront des changements dans leurs perceptions, leur image d’eux même, leurs émotions ou leur comportement.
Pour beaucoup, ces effets seront positifs, mais pour certaines personnes ils seront source de difficultés avec des conséquences à long terme.
La méditation vipassana est-elle dangereuse : mythes et réalités
Un témoignage
Quel participant à une retraite de méditation vipassana de dix jours n’a pas une histoire de difficulté à partager ? Outre les conditions difficiles, les nombreuses heures passées à méditer nous plongent dans des expériences souvent intenses. Bien qu’elles restent rares, les vraies difficultés existent, comme dans ce témoignage d’un participant d’une retraite vipassana :
« Il y a beaucoup de choses sur lesquelles je pourrais commenter, mais le plus important est le fait que cela m’a déchiré émotionnellement. Vingt ans de ma vie se sont lentement effondrés pendant que je les regardais. C’était dévastateur et cela m’a laissé un sentiment de grand désespoir et de solitude. Je ne sais pas comment donner un sens au désordre qui m’a présenté. Il a dévoilé un traumatisme émotionnel profondément enraciné dans l’enfance. »
Ce témoignage décrit certains des effets secondaires de la méditation vipassana. Dans cet article nous allons les explorer, et mieux comprendre quels sont vraiment les risques et quelles sont les chances que nous soyons concernés. Mais d’abord quelques mots sur la méditation vipassana.
Qu’est-ce que la méditation vipassana ?
La méditation vipassana est une méditation d’origine bouddhiste. Elle consiste à observer avec neutralité ce qui se passe dans notre corps et notre mental, sans essayer de changer notre expérience. Nous en venons progressivement à reconnaitre la nature profonde de cette expérience, qui est sans la solidité qu’on lui prête, et qui est sans cesse changeante.
Le but ultime de la méditation vipassana est de faire évoluer notre vue de nous-mêmes et du monde vers une perception plus juste qui est empreinte de sagesse et de compassion.
Cette méditation est principalement connue dans le monde francophone par le biais des retraites vipassana de 10 jours. Il existe de nombreux autres styles de vipassana, toutes les bases sur le même principe et avec des risques comparables.
Vipassana et dangers de la méditation : l’éclairage de nouvelles études
Au-delà des témoignages sur les effets indésirables de la méditation, il n’a longtemps pas existé de vraies études sur les risques de la méditation vipassana. Une série d’études ont récemment changé ça.
Une enquête basée sur l’expérience de plus de 400 méditants montre que pour la méditation vipassana, dangers et risque sont identiques à d’autres formes de méditations telles que la méditation transcendentale ou la pleine conscience.
Si la méditation vipassana est tout aussi dangereuse que d’autres, les critiques du vipassana sont-ils justifiés ? Quel sont les risques qu’elle partage avec d’autres formes de méditation ?
Les vrais risques de la méditation vipassana
Méditation vipassana : danger ou pas ?
La moitié des méditants interrogés dans cette étude disent avoir fait l’expérience d’effet déplaisant ou négatif à cause de la méditation, dont la méditation vipassana. Alors que pour certains, les difficultés disparaissaient peu après chaque méditation ou quelques jours après, pour environ 10 % d’entre eux, ces effets ont duré plus d’un mois.
Pour la plupart des méditants, ces effets négatifs étaient présents, mais sans perturber la vie quotidienne. Pourtant pour 10 à 11 % des méditants, il en était tout autrement. Ils déclaraient en effet avoir rencontré des difficultés à accomplir des tâches du quotidien à cause de leur méditation et ses effets secondaires. Par exemple certains indiquent qu’ils ne voulaient plus méditer, qu’ils avaient des migraines pour lesquels ils devaient prendre un médicament, ou qu’ils trouvaient trop dangereux de prendre le volant à cause de distorsions dans leurs perceptions.
Ces effets ne sont pas uniquement le résultat d’une pratique intensive telle que lors d’une retraite vipassana de 10 jours. Tous les méditants interrogent avaient simplement une méditation régulière d’au moins une fois par semaine.
Et chez les méditants avancés ?
Les méditant avancés méditent plus et participent a de nombreuses retraites. Il est donc naturel de s’attendre à ce que les risques augmentent. C’est le cas : une autre étude indique que 38 % d’entre eux décrivent des effets négatifs qui impactent leur vie quotidienne, tels que ceux décrits ci-dessus.
Les effets sont parfois très surprenants. Une enseignante de méditation décrit par exemple avoir eu un temps la sensation que ces pensées venaient des autres personnes autour de lui, qu’elle ne lui appartenait pas. Une autre personne disait avoir grillé un feu rouge, après avoir fait l’expérience d’une déconnexion entre le changement de feu et l’appui sur le frein qui est d’habitude automatique.
Méditation vipassana : ses 4 dangers
Connaitre ses effets indésirables de la méditation est important parce que nous pourrons ainsi ajuster notre pratique, rechercher des conseils ou un accompagnement afin de faire évoluer notre pratique pour pouvoir continuer à pratiquer sans risques.
Un système nerveux qui s’emballe
Le calme amené par la méditation et les perceptions aiguisées par la pratique peuvent affecter notre système nerveux.
Les mécanismes sont nombreux, mais ils peuvent générer de l’anxiété, des mouvements involontaires, une hypersensibilité perceptive ou émotionnelle, ou un sentiment d’agitation.
Ces effets sont dus à une hyperstimulation de notre système nerveux autonome. Il devient hyperactif face à l’apparition d’images, de sensation, ou de souvenirs intenses, qu’il interprète comme source de danger.
Déconnexion du monde et de soi : dissociation et déréalisation
Il s’agit d’un changement dans notre perception de soi et des autres.
Cela se traduit par un sentiment de déconnexion avec les autres et le monde. Comme si on observait notre environnement et nous-mêmes de l’extérieur. Nous nous sentons flotter, comme vide, sans connexion émotionnelle avec ce qui nous entoure. Nous pouvons avoir aussi un sentiment d’irréalité de nous-mêmes et des autres.
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Ouverture sensorielle : Kundalini et l’éveil du corps
Cette catégorie comprend les expériences de sensation corporelle et émotionnelle très intenses présentes sans raison apparente.
Elles peuvent se manifester par des mouvements incontrôlables, des sensations d’énergie ou de décharges électriques dans le corps, ou encore l’expérience d’émotions très intenses ressenties dans le corps. Un pratiquant avancé explique avoir vécu des réactions si intenses qu’il a dû rester au lit une semaine.
Méditation et trauma psychologiques
Le témoignage présenté au début de l’article illustre ce risque. Comme dans le témoignage, la méditation vipassana peut faire resurgir des souvenirs traumatiques.
Le calme qu’elle induit peut faciliter leur émergence. Il peut alors nous sembler que nous sommes replongés dans la situation traumatique. Nous avons une sensation d’être exposés à un danger toujours imminent. Des émotions qui ont été vécues à l’époque de l’incident peuvent aussi être ressenties. Si elles sont trop intenses, elles peuvent nous amener dans un état de déconnexion décrit plus haut.
Parmi ces quatre dangers de la méditation, les deux premiers effets secondaires sont les plus courants. Certaines de ces difficultés ne sont pas spécifiques à la méditation. Elles peuvent aussi émerger lors de crises spirituelles telles que dans la nuit noire de l’âme ou dans d’autres circonstances de la vie quotidienne.
3 facteurs de risques : êtes-vous concernés ?
Alors, êtes-vous à risque ? Les trois principaux facteurs sont les suivants :
Risque 1 : le nombre d’heures de méditation
Nous avons déjà évoqué ce risque dans la section sur les méditants avancés. Comme pour toutes activités, il n’est pas surprenant qu’avec plus d’heures de pratique, les risques tout comme les bénéfices augmentent. Ce facteur de risque rend les retraites longues, telles que les retraites de vipassana, plus susceptibles de créer des difficultés. Elles demandent ainsi une plus grande vigilance.
Risque 2 : un traumatisme dans l’enfance.
Les chances d’effets secondaires durant la méditation sont plus élevées lorsque nous avons vécu des expériences difficiles durant l’enfance.
Ces traumatismes dits complexes peuvent rester enfouis sans qu’ils paraissent avoir un impact sur nous. Pourtant, dans le calme et la finesse de perception qu’amène la méditation, et notamment la méditation vipassana, ils peuvent réémerger.
Quand ces souvenirs sont peu intenses, cela permet de les accepter et de les intégrer. C’est un moyen grâce auquel la méditation nous permet de guérir. Pourtant, quand ils sont très intenses, et nous sommes incapables de les gérer sans être aides, ils peuvent nous plonger dans une nouvelle expérience du trauma. Notre système nerveux se sent alors menace, ce qui nous laisse déstabilise et vulnérables.
Risque 3 : utilisation d’applications de méditation
Ce risque est débattu. L’utilisation d’application de méditation est considérée comme facteur de risque dans une des études. D’autres études suggèrent que les applications de méditations présentent un risque moindre.
Elles conduiraient à une expérience méditative moins profonde, ce qui exposerait leurs utilisateurs à un risque moindre, mais réduirait aussi les bénéfices.
Dépression, solitude, anxiété : des facteurs de risque ?
On pourrait imaginer que certaines difficultés, comme la dépression, la solitude, ou l’anxiété, rendent la méditation plus dangereuse. Pourtant, les études indiquent que ces troubles ne font pas augmenter le risque d’effets secondaires. C’est une bonne nouvelle, car la méditation est un outil thérapeutique puissant pour soulager ces sources de souffrance.
Garder espoir face aux difficultés
Les effets secondaires de la méditation durent rarement
Pour la plupart des gens, ces effets négatifs ne durent pas. Seulement 1,2 % des méditants avec une pratique modérée indiquaient que l’impact sur la vie quotidienne durait au-delà d’un mois.
Un point intéressant : les effets secondaires de longue durée sont plus courants lors d’une psychothérapie, pour laquelle ils touchent 6 à 15 % des gens.
Malgré les difficultés, pas de regrets
À l’issue d’une des enquêtes, les participants étaient invités à évaluer l’ensemble de leurs expériences en méditation. Ils devaient inclurent les défis et les expériences difficiles ou déstabilisantes, puis devaient indiquer s’ils étaient malgré tout contents d’avoir commencé la méditation.
Parmi les 434 méditants interrogés, ceux qui avait souffert de dangers de la méditation étaient tout autant satisfait de leur pratique que les personnes qui n’avait pas eu de difficultés. Cela indique que pour beaucoup ces effets secondaires sont largement contrebalancés par les expériences et les changements positifs qu’une pratique de méditation vipassana amène.
Des solutions pour répondre aux difficultés
De nombreuses solutions existent pour répondre aux difficultés en méditation. La plupart pourront être réglées en ajustant la manière dont on médite.
Pour des difficultés plus prononcées, telles que celles causées par un trauma dans l’enfance, utiliser des approches adaptées aux traumas complexes, telles que celles qui incorporent l’IFS, pourra aider à avancer.
Après les difficultés : une méditation qui nous ressemble
Pour être bénéfique à tous, la méditation doit s’adapter à chacun. Cette exploration peut se faire seule ou avec l’aide de méditants plus expérimentés et sensibles à ses pièges. Au-delà des formes très structurées offertes par certaines retraites, traditions ou enseignants, chacun peut trouver un bénéfice dans la découverte d’autres approches de la méditation. C’est un chemin enrichissant qui peut nous amener à une pratique adaptée à nos objectifs, notre personnalité, nos forces et notre histoire. C’est aussi un chemin qui nous invite à offrir à nous-mêmes l’attention et la compassion que l’on offre aux autres et au monde.
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Nicolas Escoffier
J’aide les personnes en quête de sens à transformer leur vie intérieure pour retrouver inspiration, équilibre, et bien-être.
Je propose un accompagnement qui s’appuie sur les techniques validées de la thérapie IFS, et enrichi par mon parcours en neurosciences et méditation traditionnelle que j’ai étudié en Asie.