Science et esprit
Dans cette étude née de rencontres avec les médiums-chamans d’Asie du Sud-Est, nous avons examiné le rôle crucial des émotions et de la synchronisation des ondes cérébrales dans des rituels souvent très intenses.
Les plus anciennes pratiques spirituelles humaines, en usage bien avant l’apparition des religions, sont les pratiques chamaniques. Elles ont été persécutées et presque éliminée de la surface du globe avec l’apparition des religions organisées. Certaines de ces traditions ont malgré tout miraculeusement survécu et sont arrivées jusqu’à nous. J’ai eu le privilège de rencontrer de d’étudier une de ces traditions anciennes : les chamanes-mediums des communautés chinoises du Sud-est asiatique.
A la découverte des dangkis
Le projet, qui a duré plus de 5 ans, s’est développé à partir de rencontre et de dialogue avec les chamanes-médiums, les « dangki » en langue Hokkien (乩童), que nous sommes allés rencontrer dans les temples. Ces chamanes et médiums offrent des rituels de guérisons à toute personne qui se présente aux temples pour être aidée. Il s’agit souvent de problèmes de santés.
Au cours de ces rituels très intenses, les médiums entrent en transe et permettent ainsi à une déité qui les a choisis de prendre possession de leur corps. Ces déités sont parfois des médecins célèbres des siècles passés qui, par le biais du dangki, peuvent offrir conseils et talismans aux personnes qui viennent leur demander de l’aide. Ces rituels peu connus existent à Taiwan, en Chine du Sud-Est et dans les communautés chinoises d’Asie du Sud-Est notamment à Singapour, où je les ai étudiés.
L’étude
Dans ce travail, nous avons mesuré les ondes cérébrales de personnes qui connaissent bien ces rituels. Ils et elles étaient invités au laboratoire, où elles visionnaient et évaluaient plusieurs médiums pendant que nous enregistrions leurs ordres cérébraux. Pour chaque rituel, les participants évaluaient la profondeur de la trance, leurs opinions sur l’efficacité du rituel, et les émotions associées. Nous mesurions également la synchronisation des ondes cérébrales entre chaque participant durant l’expérience du rituel.
Les résultats nous ont permis de découvrir un lien unique entre les émotions générées par le rituel et son effet perçu. L’efficacité perçue augmentait pour les rituels les plus intenses, indice d’une trance plus profonde. De plus, les rituels étaient perçus comme plus efficaces quand ils étaient vus en groupe plutôt que seuls et la synchronie cérébrale augmentait en groupe, avec des évaluations plus similaires au sein d’un groupe. Ces réponses étaient liées à des ondes cérébrales alpha et beta associées aux émotions, et à l’attention visuelles.
Les résultats indiquaient que ces rituels ont une dimension à la fois personnelle et collective. Leur efficacité perçue affecte tout autant l’individu que le groupe qui assiste au rituel.
Un esprit de service
Il s’agit de la première étude en neuroscience à s’être intéressé à ces pratiques et à examiner la réponse cérébrale et l’avis d’observateurs du rituel. Mais la rencontre avec les médiums eux-mêmes reste le souvenir le plus important pour moi.
Les dankis m’ont permis de comprendre et m’ont montré la richesse que constituait le service qu’ils offraient aux autres. En assurant la transmission de moyens traditionnels de guérison, ils aident les autres à faire face aux difficultés du quotidien et se faisant offrent soutien et sens à l’ensemble de leur communauté.
La publication, en anglais, est disponible ici.
Nicolas Escoffier
Psychopraticien, chercheur, et guide de vie intérieure
J’aide les personnes en quête de sens à transformer leur vie intérieure pour retrouver inspiration, équilibre, et bien-être.
Je propose un accompagnement qui s’appuie sur les techniques validées de la thérapie IFS, et enrichi par mon parcours en neurosciences et méditation traditionnelle que j’ai étudié en Asie.
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