Guérir et avancer
La thérapie EMDR bénéficie d’un engouement qui est justifié, car elle a fait ses preuves dans le traitement des souvenirs traumatiques. Pourtant, de nombreux mythes entourent l’EMDR et ses risques. Dans ce qui suit, nous allons explorer son efficacité, ses contre-indications, et ce qui la différencie d’autres techniques alternatives.
La thérapie EMDR a une place importante parmi les approches thérapeutiques en psychologie. Elle est très populaire et a fait ses preuves dans le traitement des souvenirs traumatiques. Dans ce qui suit, nous allons explorer le fonctionnement et les risques de l’EMDR, ses effets secondaires, et ce qui la différencie d’autres approches des psychotraumas. Bien qu’elle soit souvent considérée comme une solution miracle et sans risques, l’EMDR présente, comme toute méthode, des indications bien définies et des contre-indications. Ainsi d’autres outils tout aussi efficaces pourront être mieux adaptés à certaines personnes et a certaines problématiques, notamment dans le cas de traumas complexes.
Qu’est-ce que l’EMDR ?
L’EMDR est une thérapie qui permet de traiter les souvenirs traumatiques. Son nom complet en anglais est Eye Movement Desensitivation Reprocessing, traduit en Français par désensibilisation et retraitement par le mouvement des yeux. Durant une séance les clients évoquent un souvenir ou une difficulté avec lesquels ils souhaitent travailler. Durant une des phases clef de la séance, le thérapeute demande alors au client d’accomplir une tâche telle que suivre un stylo des yeux de droite à gauche.
Ce travail en EMDR engage notre attention et nous permet de séparer le contenu du souvenir de sa charge émotionnelle en lui permettant d’émerger à la conscience. Nous pouvons ainsi travailler avec le souvenir pour transformer la réponse émotionnelle qui lui est associée.
Ce qui rend L’EMDR unique est le fait qu’elle s’appuie sur ce contrôle de l’attention par le thérapeute. Elle est cependant basée sur un principe commun au meilleures approches de traitement des traumas tel que la thérapie IFS, ou le somatic experiencing: la réactivation et la transformation du souvenir traumatique.
L’EMDR : risques et effets secondaires
Comme toute approche thérapeutique, l’EMDR risque de nous exposer à des effets secondaires. Bien les comprendre permet de s’assurer qu’elle est la forme d’accompagnement qui nous est la plus adaptée. Je vous invite à découvrir les quatre risques de l’EMDR les plus fréquents.
1- Les risques de l’EMDR en cas de trauma complexe
Ce sont les risques les plus fréquents en EMDR, et ils ont leur section dédiée ci-dessous.
En bref, les traumas complexes sont en effet une contre-indication de l’EMDR. Cette dernière n’est pas adaptée pour traiter ces derniers, parce qu’ils affectent de nombreux aspects de notre vie intérieure, tels que notre personnalité. S’ils ne sont pas abordés correctement, ils peuvent amener à une retraumatisation et une amplification des symptômes.
Pour en savoir plus sur ce risque de l’EMDR et les alternatives adaptées, consultez leur section plus bas dans cette page.
2- La vulnérabilité après une séance d’EMDR
Lorsque des souvenirs difficiles refont surface, ils nous laissent vulnérables. Nous nous sentons déstabilisés, distraits, exposés. Cet effet négatif de l’EMDR risque, après une séance, de nous laisser comme avec une blessure à nu. Ils peuvent aussi se manifester par des rêves intenses.
L’EMDR seul ne pourra pas directement répondre à ces risques, c’est avec l’aide du thérapeute, qui pourra aussi s’appuyer sur d’autres techniques que ces effets secondaires pourront être apaisés et intégrés.
3- Risques d’une séance EMDR quand nous sommes toujours exposés au trauma
L’EMDR n’est pas adapté lorsque nous sommes toujours exposés à la cause du trauma ou de la difficulté. Un exemple typique serait une situation toxique au travail ou à la maison que ne nous sommes pas encore en mesure de quitter.
La thérapie EMDR est plus adaptée à des situations simples, telles qu’un évènement traumatique de relativement courte durée et qui s’est terminé. Lorsqu’il s’agit de contextes traumatiques qui ont duré dans le temps, et qui sont peut-être toujours présents, ou qui sont arrivés dans notre enfance, une technique pouvant traiter les traumas complexes sera plus à même d’offrir une guérison durable.
4- Les risques d’un effet rebond avec l’EMDR
Il est difficile de prédire les risques d’effets secondaires immédiats lors d’une séance d’EMDR. Elle peut être suivie, pendant un temps, d’intensification de certains symptômes : un effet rebond. Elle peut aussi causer l’émergence spontanée d’autres traumas oubliés.
Francine Shapiro, la créatrice de l’EMDR, évoque ces effets secondaires ainsi : « le patient peut éprouver des moments de gêne, tandis que de nouveaux souvenirs sont stimulés consciemment ou non, comme une rangée de dominos qui tombent en chaîne. »
La manière dont seront approchés ces effets rebonds dépendra du thérapeute. Afin d’aider le client, il ou elle devra s’appuyer sur de nouvelles séances d’EMDR ou des approches telles que l’IFS qui sont adaptées aux difficultés qui ont émergé.
Nos difficultés ont parfois une dimension spirituelle, en tenir compte permet de mieux avancer avec les outils adaptés.
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Les traumas complexes : principale contre-indication de l’EMDR
Des traumas anciens
Bien que l’EMDR soit utile pour nous libérer de certains traumas, elle est inadaptée au trauma trop ancien et aux traumas complexes. Le Dr Alain Brunet, le psychiatre spécialiste des psychotraumas qui a traité les victimes de l’attentat de Nice de 2016, évoque la contre-indication principale de l’EMDR ainsi : « Je suis plus circonspect, en revanche, en ce qui concerne les traumatismes complexes, en particulier lorsqu’ils ont eu lieu dans l’enfance et ont affecté en profondeur le développement psychique de la personne. Car ce type de trauma a des répercussions à de nombreux niveaux, affectant la personnalité, les modalités d’attachement, etc. » (source: Institut français d’EMDR).
Que sont les traumas complexes ? Ce sont des psychotraumas provoqués par une expérience traumatique très ancienne, qui remonte souvent à l’enfance. Il peut s’agir de situations étalées dans le temps telles que des violences familiales, ou encore des évènements de la vie arrivant à un moment où nous étions vulnérables ou n’avions pas un soutien adéquat. Au-delà des évènements déclencheurs, ces traumas sont anciens et entraînent des conséquences tout au long de notre vie, notamment durant notre développement en tant qu’individu.
Des conséquences profondes
Une expérience traumatique de ce type est non seulement présente en mémoire, mais elle continue de modifier notre système nerveux au cours de notre développement. Elle peut ainsi affecter de larges aspects de notre vie, bien au-delà du domaine restreint du trauma.
Elle peut nous amener à moins nous affirmer, à souffrir de troubles de l’humeur, à nous isoler, à développer de nouvelles peurs, à avoir des comportements de compensation dangereux pour nous, ou à nous engager dans des relations toxiques. Ces conséquences du trauma deviennent avec le temps comme une partie de notre personnalité. Elles sont ainsi difficiles à résoudre par le traitement du souvenir traumatique seul.
Beaucoup de ces changements touchent notre manière d’êtres avec les autres, notamment notre capacité à former de nouvelles relations. Les guérir nécessite une attention plus globale qui prend en compte cet aspect relationnel au cœur du processus thérapeutique. Des approches centrées sur cette dimension relationnelle, telle que la thérapie IFS, peuvent aider en intégrant mieux le parcours et la personnalité de chaque personne.
Se libérer des traumas complexes : les approches adaptées
Si vous soupçonnez que les difficultés auxquelles vous faites face sont liées à un trauma complexe, ou si elle vous semble impliquer des problèmes relationnels, une alternative à l’EMDR pourrait vous être plus adaptée. Une approche récente adaptée à ce type de trauma est la thérapie IFS. Comme l’EMDR, la thérapie IFS est validée scientifiquement et elle est dans le monde anglo-saxon une des méthodes les plus établies pour traiter les souvenirs traumatiques et les difficultés associées. Le spécialiste mondial du psychotrauma Bessel van Der Kok, un des premiers chercheurs en médecine à étudier le stress post-traumatique, lui dévoue un chapitre dans son best-seller, le Corps n’oublie rien.
La thérapie IFS : pourquoi ça marche ?
Même si les buts de l’EMDR et de l’IFS sont comparables, la thérapie IFS utilise une approche différente, dite relationnelle. Le rôle du praticien IFS est d’ouvrir un espace d’écoute bienveillant, au sein duquel il peut nous guider pour approcher les traumas et les dénouer.
Un souvenir traumatique crée souvent une séparation chez les personnes qui en souffre. La part de nous qui a souffert du trauma est comme exilée. Elle est éloignée de notre conscience quotidienne pour nous protéger de la souffrance qu’elle porte. Ce mécanisme de protection est utile, mais il est aussi source de blocage et d’une déconnexion avec nous-mêmes. Il nous empêche également de toucher le souvenir traumatique lui-même, pour vraiment nous en libérer.
Le praticien en IFS nous guide de manière systématique et bienveillante dans une découverte et une acceptation de ces parts exilées. Ce travail progressif permet d’atteindre le souvenir traumatique original, de le révéler, et de le réintégrer pour qu’il n’ait plus d’impact sur notre vie. Nous soignons ainsi les différents changements que le trauma a déclenchés dans l’esprit et le corps au cours du temps.
Parce que la thérapie IFS traite tous les aspects des traumas, le trauma initial et ses conséquences sur notre mental au cours du temps, elle nous permet de nous libérer des traumas complexes. Le travail relationnel qu’elle inclut permet de nous reconstruire en soignant nos plus vieilles blessures. Nous pouvons ainsi retrouver une capacité à l’attachement et une ouverture à nous-même, aux autres, et à la vie.
EMDR et thérapie IFS : des approches complémentaires
De nombreuses approches sont disponibles pour soigner les difficultés liées à des souvenirs traumatiques. Le choix d’une approche ou d’une autre est déterminé par l’historique et les affinités de chacun.
Pour aborder des traumas qui sont plus anciens, et ont pu nous affecter au cours du temps, ou pour un travail qui inclus différentes dimensions de notre vie dans une démarche de cheminement personnel et spirituel, des modalités relationnelles telles que la thérapie IFS peuvent être plus adaptées. Elles nous permettent d’intégrer ses difficultés, et nous offrent un moyen de retrouver mieux-être et sens au quotidien.
Nos difficultés ont parfois une dimension spirituelle, en tenir compte permet de mieux avancer avec les outils adaptés.
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Jeudi 28 juillet 21h00, gratuit.
Nicolas Escoffier
J’aide les personnes en quête de sens à transformer leur vie intérieure pour retrouver inspiration, équilibre, et bien-être.
Je propose un accompagnement qui s’appuie sur les techniques validées de la thérapie IFS, et enrichi par mon parcours en neurosciences et méditation traditionnelle que j’ai étudié en Asie.